Notre analyste, Stéphane Ceaux-Dutheil, trader professionnel et formateur, s’est prêté à l’exercice du questions-réponses pour nous faire découvrir son chemin personnel vers le trading.
Pour vous, tout commence par l’attention d’une grand-mère, dans votre enfance.
Oui, ma grand-mère, dès mon plus jeune âge, me donnait chaque semaine de l’argent de poche que je plaçais dans une tirelire en forme de coffre-fort du Moyen Âge. Vers 15 ans, je demande à mes parents ce que je pouvais faire de mes économies, car je vivais de plaisirs simples et n’avais jamais rien dépensé. Ils m’ont dit qu’il fallait les faire fructifier à la banque.
Un petit coup de pouce de départ, mais pas seulement.
J’ai effectivement décidé de rencontrer moi-même le banquier pour voir ce que je pouvais faire avec mes petites économies. Il m’a expliqué que je pouvais les mettre sur un livret A, ou placer cet argent sur des obligations, des actions ou des SICAV. Mon attention s’est portée sur les actions.
Puis vint ce conseil qui visiblement marquera votre carrière : lire.
Un banquier m’avait recommandé d’acheter des journaux spécialisés pour m’informer sur l’économie...ce que j’ai fait ! Chaque semaine je lisais l’hebdomadaire économique et j’ai acheté mes premières actions (Alcatel, Michelin, Elf Aquitaine…) dès l’âge de 16 ans. Je n’avais nullement l’idée de faire des études économiques pour travailler dans la finance.
J’ai poursuivi des études scientifiques, j’ai eu la chance vers 20 ans de rencontrer des gérants de patrimoine qui ont commencé à me parler de tendance, d’indicateurs techniques. J’ai donc décidé de travailler le sujet avec seulement deux ou trois livres à l’époque. Deux ans plus tard, j’ai revu ces gérants qui m’ont dit que je connaissais davantage de choses qu’eux. Ils m’ont permis en parallèle de mes études de suivre une formation sur la finance par l’intermédiaire de l’association française des professions bancaires.
Stéphane Ceaux-Dutheil devient alors… Stéphane Ceaux-Dutheil. Celui que l’on connait aujourd’hui.
Oui, à l’âge de 24 ans, ils voulaient m’embaucher dans leur cabinet de gestion d’actifs. J’ai pris la folle décision de créer ma société de conseils pour qu’ils achètent mes analyses, au désespoir de mes parents qui auraient souhaité que je choisisse une voie plus conventionnelle.
En 1998, avec l’aventure de l’internet, je décide de créer
Technibourse avec un business-modèle précurseur pour l’époque. J’ai été probablement l’un des premiers sites à l’époque à faire payer du contenu et à ne pas vivre des revenus publicitaires. Même si je n’avais pas beaucoup d’abonnés, le choix s’est avéré être le bon puisque j’ai vu s’effondrer tous mes concurrents en 2000 qui ne vivaient que des revenus publicitaires, avec la crise des Dotcom (à l’époque un bandeau publicitaire ciblé se vendait 150 francs pour 1000 affichages, après la crise de 2000 ce tarif est tombé à moins de 10 francs !).
Puis en 2002, j’ai écrit mon premier livre « Bourses et analyse technique » qui a été un succès avec 6000 ventes car j’ai étoffé une offre en analyse technique qui était peu développée à l’époque. J’en ai écrit trois autres depuis en 2012, 2017 et 2021.
Cela fait quoi, d’avoir 20 millions d’euros entre les mains ?
Jusqu’en 2010 je vendais des prestations d’analyses et de la formation, en parallèle j’investissais et tradais pour mon compte. Mais entre 2010 et 2013 on m’a proposé de devenir administrateur de SICAV, nous étions deux à définir la stratégie pour gérer un peu moins de 20 millions d’euros. Ce fût une expérience extraordinaire dans le monde institutionnel. Ce fût une très belle aventure où nous avons réalisé 15% de mieux que le CAC 40 sur la période avec des contraintes réglementaires que l’investisseur particulier ignore et qui complique la tâche des gérants.
Vous vous êtes alors aperçu qu’il y avait, du côté de certains media mainstream, une véritable volonté de partager les savoirs liés à la bourse.
C’est aussi fin 2009 que l’on m’a proposé d’intervenir sur BFM radio, qui est devenu BFM Business, j’ai donc fait mes premiers pas à la télévision. C’est une expérience très enrichissante qui demande beaucoup de travail et de concentration pour vulgariser en quelques minutes une discipline très technique, afin de donner aux téléspectateurs des repères utiles pour leurs investissements. Cela va faire maintenant 13 ans que j’interviens sur la chaîne plusieurs fois par semaine, j’ai plus de 2000 directs à mon actif.
Dans certaines cultures, américaine par exemple, il est bien vu de mettre en exergue l’un de ses échecs. Et vous, quel "raté" voudriez-vous partager ?
Le seul goût d’inachevé de ma carrière reste le développement algorithmique en 2015/2016 avec deux associés. Nous voulions faire de la gestion collective. Certes l’algorithme était solide pour un petit encours mais son augmentation cassait cette performance. Nous avons arrêté sans avoir réussi à identifier la cause profonde.
Et depuis quelques années, vous êtes aux côtés d’Alvexo !
Enfin en 2018, le courtier Alvexo m’a demandé de le rejoindre pour réaliser des analyses, animer des webinaires, des formations pour leurs clients afin de les aider à mieux appréhender les marchés financiers. Quatre ans plus tard je prends toujours autant de plaisir à aider leurs clients et je remercie Alvexo pour la confiance qu’il me témoigne.
Stéphane Ceaux-Dutheil, tout le plaisir est pour nous ! Poursuivons avec une question d’ordre général : lors de nos échanges pour préparer cet entretien, le thème de la rigueur s’est imposé. Faut-il être de nature rigoureuse pour trader ? Le trading exige-t-il de la rigueur ?
Pour moi il y a deux vertus essentielles pour devenir un bon trader, la patience et la résistance à la frustration. Mais bien entendu avant de découvrir cela il faut beaucoup de rigueur et de pratique pour mettre au point sa stratégie de trading. Je le dis souvent : « le trading n’est ni une science ni un art, c’est avant tout une question de méthode et de gestion de ses ressources mentales ». Pour illustrer l’une des vertus qui me semble indispensable j’ai inventé un adage en trading : « le marché sourit aux patients après avoir testé leur patience » !
De la Corrèze à Paris, c’est donc votre chemin vers le trading...Mais aujourd’hui, avec la démocratisation de l’accès à la bourse, on pourrait très bien faire du trading en pleine Corrèze. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
J’habite en région parisienne 70% de mon temps, à deux rues de chez moi, la fibre n’est pas encore arrivée. Je passe aussi du temps en Haute-Corrèze, j’ai aménagé la maison de mon grand-père et installé la fibre il y a plus d’un an ! Je trade avec une magnifique vue sur la chaîne des Monédières. Le vert qui inonde mon regard a un effet très apaisant et bénéfique sur mes prises de décisions : « Tradez au vert ! »
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